Ma palette ? C'est un champ de bataille. Rouge,
Ma palette ?
C'est
un champ de bataille. Rouge, jaune, bleu, s'affrontent dans des duels sans
merci pour rentrer dans une osmose incroyable qui me donne des frissons...
Apparaissent des dizaines et des dizaines de couleurs qui foisonnent et
semblent jaillir de ma palette. Comment ne pas succomber à leur charme, des
couleurs les plus ternes aux plus brillantes, des plus légères aux plus
pâteuses. Rien ne les arrête, rien ne m'arrête.
Cette matière-là, c'est ma vie. Je vis au rythme de ces valses trépidantes. Le passé est sans cesse oublié au profit d'une nouvelle couche qui vient recouvrir ces épaisseurs oubliées. C'est un cycle infernal qui offre une beauté nouvelle et inattendue à chaque reprise. Ma palette, c'est l'image de ma peinture, parfois ordonnée, parfois bouillonnante. Seules les limites du support me stoppent dans mon élan.
Toutefois ma palette semble privilégier certaines de ces locataires, qui ont élu domicile pour un certain temps ! Le passé ne semble altérer leur tenue et leur vivacité. Il n'y en a pas qu'une, non, mais plusieurs. Le rouge, le violet, l'ocre, le noir. Pourquoi ? Je ne sais. Peut-être font-elles davantage vibrer mon regard ? M'entrainent-elles vers des sensations plus torrides avec la matière ? Je n'ai jamais cherché à comprendre. Je cherche simplement en elles cette force de pouvoir exprimer au mieux mes envies. Elles trouvent tout naturellement leur place dans des espaces issus de mon imagination. Elles puisent cette force dont j'ai besoin pour faire exploser cette matière sur la toile.
N'oublions pas non plus toutes ces pâtes, gélatines, paraffine qui viennent apporter l'épaisseur, la brillance, la transparence nécessaire à la vie de cette palette. Sans elles, tout s'essouffle, j'ai besoin d'existence, de quoi me nourrir, de quoi vous nourrir.
Ainsi se résume ma palette, ma peinture.